jeudi 19 septembre 2013

Dans les dents

Aujourd'hui, j'ai 39 ans. Pas de quoi la ramener, vous me direz, ça arrive à des gens bien.

Oui, mais dans ma tête, j'ai 4 ans, alors vous comprenez le décalage. Je ne me sens pas en phase.

Quand j'étais petite, j'imaginais devenir adulte à 26 ans. 26, pourquoi? Sans doute parce que ça correspondait à l'année 2000 et qu'on croyait alors qu'on survolerait les villes en soucoupe volante et qu'on mangerait des petites pilules - alors qu'en fait, on continue de s'emmerder avec nos vieilles titines sur le bitume et que croquer dans une bonne tablette, y'a quand même que ça de vrai.

Les 26 ans sont passés depuis bien longtemps, je n'ai pas souvenir d'être devenue adulte alors. Même à la naissance de mon fils, je n'ai pas senti ce soudain bond dans l'âge adulte. Je crois que c'est en allant jusqu'au bout de mes convictions, plus tard, que j'ai franchi une sorte de cap.

Pourtant, j'ai toujours l'impression d'avoir 4 ans, allez comprendre. J'ai envie de rêver, plus que jamais, de m'envoler, de planer. D'imaginer que tout est possible. Est-ce compatible avec l'âge adulte?

Sans doute. 39 ans, c'est la dame avec ses trois enfants, c'est la femme respectable avec du rouge à lèvres, c'est cette personne à qui l'on dit bonjour avec respect.

Moi, j'ai un enfant, qui va devenir pré-adolescent très vite, j'avance avec mes doutes et mes peurs, je me demande ce que je fais là et quel chemin prendre, je jette les vieux rouge à lèvres qui traînent dans mes placards en me demandant comment ils ont pu arriver là, et je m'affiche, à peine maquillée, devant de vrais adultes. A vrai dire, je me sens plus transparente que jamais, incapable de masquer mes états d'âme. Sans l'envie, vraiment, de donner le change.

Je suis comme je suis.

Peut-être que c'est ça, l'âge adulte.

Accepter que les autres voient nos failles, sans penser que la terre va se retourner pour autant.

Accepter cet enfant qui est en nous et s'appuyer dessus pour nous donner l'illusion que la vie est devant nous.

Accepter que notre vie soit imparfaite.

Accepter notre responsabilité, pour mieux rêver, encore.

Et imaginer que demain sera beau.

Comme quand on avait 4 ans.

3 commentaires:

  1. Bingo, nous y sommes.
    Est-ce que correspondre aux critères ad hoc de l'adulte nous permettra de nous retourner sur notre vie avec satisfaction au moment de passer l'arme à gauche. Je ne pense pas.
    La frustration est un fléau, les frustrés, des emmerdeurs. Prendre ses désirs pour des réalités n'a rien de contre-nature, alors bon 39.

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  2. Pis d'abord, on a l'âge qu'on veut ! moi, des fois j'en ai 8, des fois j'en ai 100, pis je trouve ça pas mal. Ce que tout le monde voit, c'est juste un âge administratif. Na.

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  3. Tout à fait d'accord avec Anne!!
    Et si tu savais le nombre de personnes "adultes" que je rencontre tous les jours dans mon boulot et qui ont les mêmes doutes que toi...
    Et ces personnes là paraissent fortes, très fortes à la première rencontre! Il suffit de gratter un peu le vernis pour voir que ce n'est qu'une façade.
    Quand à l'âge, ben, je te rassure, je me réinscrit à la crèche cette année (j'ai d'ailleurs pris l'option d'une location de place pour 10 ans!)
    Allez, qui vient avec moi courir dans les bois, fabriquer une cabane et aller piquer des prunes et des poires dans le jardin du voisin?? ;-p
    Bon anniversaire!

    Anne-Lise

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